Page:Tolstoï - La Foi universelle.djvu/28

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Un cerveau façonné dans ces conditions, croyant à la création du monde sorti du néant il y a six mille ans, au déluge et à l’arche de Noé, à la Trinité, à la chute d’Adam, à l’Immaculée Conception, aux miracles du Christ et à la vertu expiatoire de sa mort, un tel cerveau ne saurait plus avoir pour guide la raison et la certitude de jamais connaître la vérité. Dès que l’on admet la Trinité, l’Immaculée Conception, la Rédemption de tous les humains par le sang du Christ, alors tout est vain : les appels de la raison demeurent sans effet.

Mettez un coin dans une jointure du plancher d’un magasin à blé : vous aurez beau y verser le grain, il s’échappera toujours par la fissure. Il en est de même du cerveau où l’on a fait entrer le coin de la Trinité ou d’un Dieu devenu homme qui, de sa souffrance, a racheté nos péchés, puis s’est envolé au ciel : aucune conception ferme et sensée de la vie ne saurait tenir dans ce cerveau. Quoi que vous mettiez dans une grange au plancher troué, rien n’y tiendra ; quoi que vous introduisiez dans une intelligence qui a