Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/111

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frances que fait endurer aux jeunes filles l’excitation des sens. Neuf sur dix se tourmentent plus qu’on ne saurait le dire dans la première époque de leur puberté, et plus tard encore si elles ne se marient pas à vingt ans. Nous fermons les yeux sur ces choses, mais ceux qui veulent bien les ouvrir se rendent compte que leur excitation est portée à ce point par une sensualité contenue (et c’est encore un bonheur quand elle est contenue), qu’elles sont incapables de tout hors de la présence des hommes. Les apprêts de la coquetterie, la coquetterie elle-même remplissent toute leur existence. En présence de l’homme, leur vivacité s’exagère, les sens réveillent l’énergie ; l’homme parti, l’énergie s’émousse et la vie disparaît. Et notez bien que ce n’est pas devant un certain homme, mais devant un homme quelconque, pourvu qu’il ne soit pas trop repoussant.