Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/18

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— C’est bien là votre façon de juger, vous, hommes, dit la dame sans céder et en évitant de nous regarder. Vous gardez pour vous la liberté et vous cloîtrez la femme. Vous-mêmes, n’est-ce pas, vous pouvez tout vous permettre ?

— Ah ! pour l’homme, c’est autre chose.

— Donc, à votre idée, tout est permis à l’homme ?

— Personne ne saurait le soutenir ; seulement la mauvaise conduite de l’homme au dehors n’augmente pas sa famille, tandis que la femme, l’épouse… C’est un vase bien fragile, dit sévèrement le vieillard.

La chaleur de son discours paraissait entraîner la conviction des auditeurs, mais la dame, bien que fortement embarrassée, ne voulut point encore se rendre.

— Cependant la femme est aussi une créature humaine, elle a des sentiments comme