Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/207

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nant ; il en est bien ainsi », me disait une voix inconnue dans mon âme.

Sans me rendre compte de ce nouvel état qui se révélait en moi, je m’en réjouissais. En cet état, la jalousie n’avait plus de place. Je voyais les hommes sous un autre jour. Cette musique me transporta dans un monde où la jalousie était inconnue. La jalousie avec toutes ses causes me paraissaient être des futilités qui ne méritaient pas qu’on y prît garde.

Après ce presto, ils passèrent à l’andante qui est bien, mais de vieux style avec des variations banales, puis au finale qui est faible. Puis, sur la demande des invités, ils jouèrent encore une élégie d’Ernst et divers autres morceaux. Ils étaient charmants, mais ne produisirent pas un centième de l’émotion produite par le premier. Je me sentis léger et joyeux toute la soirée.