Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/214

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Comment ai-je pu partir ? me disais-je, en songeant à cette expression. N’était-il pas clair que l’accord avait été conclu entre eux ce soir-là ? N’apparaissait-il pas nettement que plus rien ne les séparait et que ce qui s’était passé les avait mis tous deux, elle surtout, dans un certain embarras ?

Je la revoyais, avec un sourire doux et heureux, essayant son visage coloré baigné de sueur. Leurs regards se fuyaient et ce ne fut qu’au souper, quand il lui versa un peu d’eau, qu’ils échangèrent dans un regard un sourire imperceptible. Je me les rappelais avec terreur, ce regard et ce sourire à peine perceptibles : « C’en est fait », me disait une voix, tandis qu’une autre criait : « C’est une idée fixe, cette chose est impossible. »

L’obscurité me pesait ; j’allumai une bougie. Une grande inquiétude m’envahit à la vue de