Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/55

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bauche dans laquelle tous se roulent avec volupté. Ils le disent avec une apparence de conviction telle qu’ils se persuadent eux-mêmes. Et les pauvres jeunes filles, elles, y croient sérieusement. C’était le cas de ma malheureuse femme.

Je me souviens que, n’étant encore que fiancé, je lui montrai un jour mon journal intime, la mettant ainsi au courant de mon passé, particulièrement de la dernière liaison que j’avais eue et que je croyais de mon devoir de lui faire savoir. Quand elle eut compris ma révélation, sa frayeur et son désespoir furent si grands que je vis le moment où elle renonçait à moi. Quel bonheur c’eût été pour tous deux.

Pozdnychev se tut, puis s’écria :

— Non, cependant ! Il vaut mieux que la chose se soit passée ainsi. Je n’ai eu que ce que j’ai mérité ; mais ne nous arrêtons pas à