Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Pavlovsky.djvu/181

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autre femme, toute différente d’elle. J’en serai débarrassé si elle meurt, ou si je divorce, et je pense comment combiner cela. Je vois que je m’embrouille, mais, pour ne plus voir que je ne pense pas ce qu’il faut, je fume encore.

Et la vie de la maison va toujours. L’institutrice des enfants vient et demande : Où est Madame ? Quand rentrera-t-elle ? Les domestiques demandent s’il faut servir le thé. J’entre dans la salle à manger ; les enfants, Lise, l’aînée, me regardent avec épouvante, comme pour m’interroger. Et elle ne vient pas ! Toute la soirée se passe. Et toujours elle ne vient pas ! Deux sentiments se remplacent dans mon âme alternativement : la haine envers elle, puisqu’elle nous torture, moi et les enfants, par son absence, qui finira tout de même par sa rentrée, et la crainte qu’elle rentrera et commettra quelque tentative sur elle-même. Mais où la chercher ? Chez sa sœur ? Ça a l’air bête d’aller demander où est sa femme. D’ailleurs, que Dieu la garde ! Si elle veut