Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Pavlovsky.djvu/188

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passer à cause de cet homme, et malgré cela je ne pouvais pas ne pas être aimable avec lui. Je le présentai à ma femme. Elle en fut joyeuse. Au commencement, je suppose, pour le plaisir de jouer du violon, ce qu’elle adorait. Elle louait même pour cela un violoniste de théâtre. Mais quand elle jeta un regard sur moi elle comprit mon sentiment et dissimula son impression. Alors commencèrent les jeux et les tromperies mutuelles. Je souriais agréablement, faisant mine que tout cela me plaisait extrêmement. Lui, regardant ma femme comme tous les débauchés regardent de belles femmes, en ayant l’air de s’intéresser seulement au sujet de la conversation, c’est-à-dire à ce qui ne l’intéressait pas du tout.

Elle cherchait à paraître indifférente ; mais son expression, mon jaloux ou faux sourire qu’elle connaissait si bien, et le regard voluptueux du musicien l’excitaient évidemment. Je vis qu’après la première entrevue, déjà, ses yeux brillaient, brillaient étrangement, et que, grâce à ma jalousie,