Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Pavlovsky.djvu/234

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son paletot. Craignant qu’il ne les effarouchât, je raccompagnai jusqu’à sa chambrette et j’attendis qu’il fût vêtu. Dans la salle à manger, on entendait un bruit de conversation et un bruit de couteaux et d’assiettes. Ils mangeaient, ils n’avaient pas entendu la sonnette. « Pourvu qu’ils ne sortent pas, » pensais-je.

Gregor mit son paletot au collet d’astrakan et sortit. Je fermai la porte derrière lui. Je me sentis anxieux quand je fus seul, en songeant que, tout de suite, il fallait agir. Comment ? Je ne savais pas encore ! Je savais seulement que tout était fini, qu’il ne pouvait y avoir de doute sur son innocence et que dans un instant mes relations avec elle allaient être terminées. Avant j’avais encore des doutes ; je me disais : « Peut-être n’est-ce pas vrai ? Peut-être me trompai-je ? » Actuellement le doute avait disparu. Tout était décidé irrévocablement. « Secrètement, toute seule avec lui, la nuit, c’est l’oubli de tous les devoirs. Ou, pire encore, elle fait montre de cette audace, de cette insolence