Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Pavlovsky.djvu/257

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— Je commençai à comprendre alors seulement que je la vis, dans le cercueil…

Il poussa un sanglot, puis immédiatement continua avec hâte :

— Alors seulement, quand je vis sa face morte, je compris tout ce que j’avais fait… Je compris que c’était moi, moi qui l’avait tuée… Je compris que c’était moi qui avais fait qu’elle qui se mouvait, qui était vivante, palpitante, maintenant était devenue immobile, toute froide, et qu’aucun moyen n’existait de réparer cette chose. Celui qui n’a pas vécu cela ne pourra pas comprendre !

Nous restâmes longtemps taciturnes. Posdnicheff sanglotait et tremblait silencieusement devant moi. Sa figure était devenue fine, longue, et sa bouche s’était élargie :

— Oui, dit-il subitement, si j’avais su ce que je sais maintenant, je ne me serais marié avec elle, pour rien, jamais, jamais.

De nouveau nous restâmes taciturnes, longtemps.

— Oui, voilà ce que j’ai fait, voilà ce que j’ai éprouvé. Il faut comprendre l’impor-