Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/102

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une loi pour cela. Puis ce serait un péché grave.

— Eh ! eh ! nourricier ! Qui donc, connaissant notre vie et notre pauvreté, viendra chez nous volontairement ?… Une veuve de soldat elle-même ne voudrait pas se charger d’un tel embarras. Quel moujik nous donnerait sa fille ? La plus désespérée ne voudrait pas… Nous sommes la pauvreté même. « On a fait mourir l’autre de faim », dirait-on, « on en fera autant de notre fille… » Mon Dieu ! qui voudrait de nous ! Juge toi-même, Votre Excellence, fit la vieille en hochant la tête d’un air de doute.

— Que puis-je en ce cas ?

— Songe donc à nous, dit Arina d’un ton pressant.

— Comment puis-je y songer ? Je ne puis rien faire.