Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

blance avec le barine. Elle croisa les bras, fixa le barine dans les yeux et, remuant la tête avec une flexion gracieuse du cou, elle dit :

— Et pourquoi, petit père, daignez-vous rendre une visite à Doutlov ?

— Je veux lui louer une trentaine de déciatines[1] de terre et acheter avec lui une forêt… Il a de l’argent, Doutlov. Pourquoi cet argent reste-t-il sans emploi ? Qu’en penses-tu, nourrice ?

— Eh bien, cela va sans dire, petit père… Les Doutlov sont riches. Ils sont peut-être les premiers moujiks du village, répondit la nourrice en hochant la tête. Ils ont beaucoup de chevaux, sans compter les poulains. Ils ont au moins six troïkas[2]… Et du bétail : des vaches et des moutons ! Quand

  1. Une déciatine vaut un hectare environ.
  2. Attelage de trois chevaux.