Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/139

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extraordinaires, son imagination le rapporta un an en arrière, à l’heureux moment qu’elle venait d’évoquer.

Un jour, il s’était levé de grand matin, à l’heure où tout le monde était encore endormi, et, plein d’une fièvre juvénile, il était entré, sans but, dans le jardin, puis dans la forêt. Là, il s’était trouvé en face de la nature, alors en plein travail de germination. Longtemps, il avait erré sans pensée, souffrant seulement de ne pouvoir exprimer le sentiment qui l’oppressait. Tantôt, son imagination lui présentait la voluptueuse image d’une femme, avec tous les attraits de l’inconnu, et il lui semblait que c’était là l’objet de son désir inexprimé. Mais un sentiment supérieur lui disant : « Ce n’est pas cela », le contraignait à chercher un autre idéal. Tantôt, son esprit inexpérimenté et ardent s’élevait par degrés insen-