Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/15

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de la force et de la souplesse, avec un certain laisser-aller où se trahissait la bienveillante béatitude de son âge. Une foule bigarrée sortait de l’église : des vieillards, des jeunes filles, des enfants, des femmes, leur nourrisson dans les bras ; tous étaient vêtus de leurs habits de fête et se dirigeaient vers les izbas[1] en saluant très bas leur barine au passage. Nekhlioudov s’engagea dans l’unique rue du village, s’arrêta, tira son carnet de sa poche et, sur le dernier feuillet couvert d’une écriture enfantine, lut plusieurs noms de paysans en regard desquels se trouvaient des signes conventionnels. Le premier nom était celui d’Ivan Tchouricenok ; il demandait des étais pour soutenir les murs de son izba. Le barine se dirigea vers la porte charretière de la seconde chaumière à droite.

La demeure de Tchouricenok était dans un

  1. Chaumières.