Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/151

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Nekhlioudov entra dans la chambre, jeta avec colère son chapeau sur la table, s’assit sur une chaise qui se trouvait devant le piano et baissa la tête.

— Est-ce que Votre Excellence veut déjeuner ? demanda une vieille servante ridée et maigre, en courbant sa haute taille devant son maître. Elle portait une robe de cotonnade, un grand châle et, sur la tête, un bonnet.

Nekhlioudov se tourna vers elle et lui dit, après un court silence :

— Non, je n’ai pas faim, niania.

Il se replongea dans sa rêverie. La niania hocha la tête d’un air mécontent et soupira.

— Eh ! mon petit père, Dmitri Nikolaïevitch, fit-elle. Pourquoi tant vous chagriner ? Il y a de pires chagrins que les vôtres… Et, tout passe, mon Dieu !

— Mais, je n’ai pas de chagrin… Où