Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/171

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Là, chacun, sans se soucier du qu’en dira-t-on, disait ce qui lui passait par la tête. Nous avions notre philosophe, notre orateur, notre « bel esprit »[1], et, jusqu’à notre plastron. Le dîner fini, nous rangions la table contre le mur, et, sans nous inquiéter de la mesure, nous dansions la polka sur le tapis poussiéreux jusqu’à une heure avancée de la nuit.

Biens que soigneux de nos personnes, coquets même, nous ne cherchions à être ni trop respectables ni trop spirituels. Nous étions des gens comme tout le monde, et nous vivions comme vit tout le monde. Entre la comtesse espagnole aux aventures romanesques, l’abbé italien qui, après le dîner, nous récitait la Divine Comédie, le médecin américain qui avait ses entrées aux Tuileries, le jeune auteur dramatique aux

  1. En français dans le texte.