Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

longs cheveux, le pianiste, auteur d’une polka sans pareille, du moins il l’affirmait, et la jolie veuve éplorée portant trois bagues à chaque doigt, les relations, quoique superficielles, étaient cordiales, sympathiques et nous emportions les uns des autres des souvenirs soit légers, soit durables, dans tous les cas, sincères.

En contemplant à la table d’hôte des Anglais, ces dentelles, ces rubans, ces bagues, ces cheveux lissés avec soin, ces robes de soie, je me disais : « Combien de jeunes femmes, sans cela, seraient heureuses et rendraient heureux les autres ! Combien d’amis et d’amants sont là, l’un coudoyant l’autre, et ne s’en doutent pas. Dieu sait pourquoi ! ils l’ignoreront toujours, ce bonheur à leur portée, et ne se le donneront jamais, bien que le désirant ardemment ! »

Je me sentis triste, comme il m’arrive tou-