Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/185

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Quelques messieurs parlaient du chanteur d’une voix posée et convenable, tandis que celui-ci leur tendait sa main ouverte.

D’autres messieurs regardaient curieusement cette petite silhouette noire. Un rire sonore et frais de jeune fille s’éleva du balcon. Dans la foule, les rires se mêlaient aux conversations. Pour la troisième fois, le petit chanteur répéta sa phrase, mais d’une voix faible et hésitante. Il ne la termina pas, tendit encore une fois sa casquette à la ronde et l’abaissa presque aussitôt avec un geste découragé. Et pas un de tous ces hommes, réunis là pour l’entendre, pas un ne lui jeta son obole. La foule impitoyable éclata d’un grand éclat de rire. Le petit homme en semblait plus petit encore. Il agita sa guitare d’une main, de l’autre salua avec sa casquette et dit :

— Messieurs et mesdames, je vous remer-