Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/273

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« D’où vient ma perte ? Avais-je quelque forte passion pour excuse ?

« … Ils sont purs, mes souvenirs.

« Un terrible instant d’erreur que je ne puis oublier, m’a contraint de rentrer en moi-même. J’ai été terrifié quand j’ai vu quel abîme profond me sépare de tout ce que je voulais être, de ce que je pouvais être ! Quelle fatalité m’a éloigné des rêves, des espérances, des aspirations de ma jeunesse !

« Où sont ces pensées sereines sur la vie, sur l’éternité de Dieu, qui emplissaient mon âme de lumière et de force ? Où est cette flamme d’amour immatériel dont la chaleur était si bienfaisante à mon cœur ?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

« … Et comme j’aurais pu être bon et heureux si, en commençant ma vie, j’avais suivi la voie que ma fraîche intelligence