Page:Tolstoï - Le Prince Nekhlioudov.djvu/75

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demeurait immobile et, sans lever les yeux, suivait tous les mouvements du barine.

— Écoute, Épiphan, dit enfin Nekhlioudov en reprenant sa voix enfantine et douce.

Et s’approchant du moujik, il tâcha de contenir son irritation.

— On ne peut vivre ainsi, lui dit-il. Tu te perdras… Réfléchis bien… Si tu veux être un bon moujik, il faut que tu changes de vie… Abandonne tes mauvaises habitudes, ne mens plus, ne t’enivre plus, respecte ta mère… Je sais tout ce que tu fais : Occupe-toi de ton intérieur et ne vole plus le bois de l’État, ne fréquente plus le cabaret… Demande-toi à toi-même : Est-ce bien, ce que tu fais ?… Si tu as besoin de quelque chose, viens me trouver et dis-le moi franchement, dis toute la vérité… Certainement, je ne te refuserai rien. Je ferai pour toi tout ce que je pourrai…