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Page:Tolstoï - Le salut est en vous.djvu/132

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absolument contraire à sa conscience et, par suite, intolérable, de même, l’humanité ayant appris par ses guides religieux le nouveau sens de la vie, les nouveaux buts qu’elle doit atteindre, continue longtemps encore après cette initiation à vivre comme par le passé et n’est amenée à accepter la conception nouvelle que par l’impossibilité de continuer l’ancienne vie.

Malgré l’obligation de modifier la vie, obligation formulée par les guides religieux, reconnue par les hommes les plus intelligents, et déjà entrée dans la conscience, la majorité des hommes, tout en ayant un respect religieux pour ces guides, c’est-à-dire la foi dans leur doctrine, continuent à se diriger dans cette vie plus compliquée, par les principes de l’ancienne doctrine, comme ferait le père de famille qui, tout en sachant comment il faut vivre à son âge, continuerait par habitude et par légèreté à vivre de son existence d’enfant.

C’est ce qui a lieu dans la période de transition de l’humanité d’un âge à un autre que nous traversons en ce moment. L’humanité est sortie de l’âge social et entrée dans un nouveau. Elle connaît la doctrine qui doit servir de base à ce nouvel âge, mais elle continue par inertie à conserver les anciennes formes de la vie. De cet antagonisme de la nouvelle conception avec la pratique de la vie résulte une série de contradictions et de souffrances qui empoisonnent notre existence et exigent sa modification.

Il suffit en effet de comparer seulement la pratique avec sa théorie pour s’effrayer devant la contradiction flagrante des conditions de notre existence et de notre conscience.

Toute notre vie est en contradiction constante avec tout ce que nous savons et tout ce que nous considérons