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Page:Tolstoï - Le salut est en vous.djvu/144

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le poids du militarisme plus insupportable, et l’état politique et économique de l’Europe plus triste et plus troublé. »

« L’Europe moderne tient sous les armes une armée de neuf millions d’hommes, écrit à son tour Enrico Ferri, et environ quinze millions d’armée de réserve, pour dépenser par an quatre milliards de francs. S’armant de plus en plus, elle épuise toutes les sources du bien-être social et individuel et elle pourrait être facilement comparée à un homme qui, pour s’assurer des armes, se condamne à l’anémie, perdant les forces dont il a besoin pour se servir des armes qu’il s’est procurées et sous le poids desquelles il finit par succomber. »

La même chose est dite par Charles Booth, dans son discours lu à Londres à l’Association pour la réforme et la codification de la loi des nationalités, le 26 juillet 1887. Après avoir indiqué le même chiffre de neuf millions d’hommes d’armée active et de dix-sept millions de réserve, et les dépenses énormes des gouvernements pour l’entretien et l’armement de ces armées, il ajoute :

« Ces chiffres ne représentent qu’une infime partie de la dépense réelle, car, outre ces dépenses connues du budget de la guerre des diverses nations, nous devons aussi tenir compte des pertes incalculables causées à la société par l’absorption d’une quantité aussi considérable d’hommes qui, choisis parmi les plus vigoureux, sont enlevés à l’industrie et à tout autre travail, ainsi que des intérêts énormes des sommes dépensées en préparatifs militaires qui ne rapportent rien. La conséquence inévitable de ces dépenses de guerre et des préparatifs militaires est l’augmentation progressive des dettes d’état. La plupart des dettes des états d’Europe ont été faites en vue de la guerre. Leur total s’élève à quatre