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Page:Tolstoï - Le salut est en vous.djvu/145

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milliards de livres, ou cent milliards de francs, et ces dettes augmentent encore chaque année. »

Le même Komarovsky dit dans un autre endroit :

« Nous vivons en des temps pénibles. On entend partout des plaintes relatives à l’arrêt du commerce et de l’industrie, et en général à la mauvaise situation économique ; on fait ressortir les conditions pénibles de la vie des classes ouvrières et l’appauvrissement des masses. On invente partout de nouveaux impôts, et l’oppression financière des nations est sans bornes. Si nous jetons un regard sur les budgets des états d’Europe pendant ces derniers cent ans, ce qui nous frappera avant tout, c’est leur augmentation progressive et rapide. Par quoi pouvons-nous expliquer ce phénomène extraordinaire qui menace tôt ou tard les états d’une banqueroute inévitable ?

« Cela provient certainement des dépenses pour l’entretien des armées qui engloutissent le tiers ou même la moitié du budget de tous les états d’Europe. Le plus triste est qu’on ne voit pas de fin à cette augmentation des budgets et à l’appauvrissement des masses. Qu’est-ce que le socialisme, sinon une protestation contre cette situation extrêmement anormale dans laquelle se trouve la plus grande partie de la population de notre continent ? »

« Nous nous ruinons, dit Frédéric Passy dans son mémoire au dernier Congrès universel de la Paix, à Londres (1890), nous nous ruinons à préparer les moyens de prendre part aux folles tueries de l’avenir, ou à payer les intérêts des dettes laissées par les folles et coupables tueries du passé. Et, comme le disait récemment un de nos poètes et de nos journalistes, nous mourons de faim pour pouvoir nous tuer. »

Parlant plus loin de la manière dont on envisage