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Page:Tolstoï - Le salut est en vous.djvu/273

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se pénètrent lentement et l’un après l’autre de la vérité nouvelle ; mais lorsque cette vérité est déjà suffisamment répandue, elle est assimilée par tous, d’un seul coup et presque inconsciemment.

C’est pourquoi les défenseurs de l’état sont dans l’erreur, lorsqu’ils disent que si, pendant dix-huit cents ans, une petite partie des hommes a passé au christianisme, il faut encore plusieurs fois dix-huit cents ans avant que toute l’humanité y passe à son tour.

Les hommes s’assimilent une vérité non seulement parce qu’ils la devinent par intuition prophétique ou par expérience de la vie, mais parce que, lorsque cette vérité est arrivée à un certain degré d’extension, les hommes d’une culture inférieure l’acceptent d’un seul coup par la seule confiance qu’ils ont en ceux qui l’ont acceptée avant eux et l’appliquent à la vie.

Toute vérité nouvelle qui change les mœurs et qui fait marcher l’humanité en avant n’est acceptée tout d’abord que par un petit nombre d’hommes qui ont parfaitement conscience de cette vérité. Les autres, qui ont accepté par confiance la vérité précédente, celle sur laquelle est basé le régime existant, s’opposent toujours à l’extension de la nouvelle.

Mais comme d’abord les hommes progressent toujours, s’approchent de plus en plus de la vérité et y conforment leur vie, et qu’ensuite ils sont, suivant leur âge, leur éducation, leur race, plus ou moins capables de comprendre les nouvelles vérités, ceux qui sont plus près des hommes qui ont compris la vérité par la voie intérieure passent, d’abord lentement, puis de plus en plus vite, du côté de la vérité nouvelle, et cette vérité devient de plus en plus compréhensible.

Et plus il y a d’hommes qui se pénètrent de la nouvelle vérité et plus cette vérité est assimilable, plus elle