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Page:Tolstoï - Le salut est en vous.djvu/392

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CHAPITRE VI
LES HOMMES DE NOTRE MONDE ET LA GUERRE
Les hommes ne s’efforcent pas de supprimer la contradiction entre la vie et la conscience, en modifiant les conditions de l’existence, et les hommes instruits mettent tous leurs efforts à cacher les exigences de la conscience et à justifier leur manière de vivre ; ils entraînent ainsi la société vers l’état, non pas même païen, mais barbare. — L’attitude mal définie des hommes instruits vis-à-vis de la guerre, l’armement universel et le service obligatoire. — Les uns considérant la guerre comme un phénomène politique accidentel et facile à éviter par des mesures extérieures. — Le Congrès de la Paix. — L’article de la Revue des Revues. — La proposition de Maxime du Camp. — La valeur des tribunaux d’arbitrage et le désarmement. — Attitude des gouvernements vis-à-vis des hommes de cette catégorie et de leurs œuvres. — Les autres considérant la guerre comme un phénomène douloureux, mais inévitable. — Guy de Maupassant. — Édouard Rod. — Les troisièmes considérant la guerre comme un phénomène utile et nécessaire. — Camille Doucet. — Jules Claretie. — Émile Zola. — M. E. de Vogüé 144
CHAPITRE VII
SIGNIFICATION DU SERVICE OBLIGATOIRE
Le service obligatoire n’est pas un accident politique, mais la dernière limite de la contradiction qu’enferme la conception sociale de la vie. — Origine du pouvoir dans la société. — La base du pouvoir est la violence physique. — Pour accomplir ces violences, le pouvoir a besoin d’une institution particulière : l’armée. — Le pouvoir dans la société, c’est-à-dire la violence, détruit peu à peu la conception sociale de la vie. — Attitude du pouvoir et des masses populaires, c’est-à-dire des hommes soumis. — Les gouvernements s’efforcent de maintenir les ouvriers dans la conviction que la violence gouvernementale est nécessaire pour les protéger contre l’ennemi extérieur. — Mais l’armée est nécessaire surtout pour défendre le gouvernement contre ses propres sujets, les travailleurs opprimés. — Le discours de M. de Caprivi. — Tous les privilèges des classes dirigeantes sont assurés par la violence. — La progression de l’armée jusqu’au service obligatoire. — Le service obligatoire détruit tous les avantages de la vie sociale que l’état est appelé à garantir. — Le service obligatoire est la dernière limite de la soumission puisqu’il exige au nom de l’état le sacrifice de tout ce qui peut être cher à l’homme. — L’état est-il nécessaire. — Les sacrifices qu’il demande aux citoyens par le service militaire n’ont plus aucune raison. — Il vaut mieux pour l’homme ne pas se soumettre aux exigences de l’état que de s’y soumettre 181