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CHAPITRE II

OPINIONS DES CROYANTS ET DES LIBRES PENSEURS SUR LA NON-RÉSISTANCE AU MAL PAR LA VIOLENCE

Les commentaires auxquels mon livre a donné lieu ont produit sur moi cette même impression. J’ai deviné le désir qu’on avait de faire le silence sur les idées que j’ai tâché d’exprimer.

À son apparition, comme je m’y attendais, ce livre a été interdit. D’après la loi il eût dû être brûlé. Au lieu de cela, il a été recherché par les fonctionnaires ; on en a répandu une grande quantité de copies et d’autographies, ainsi que des traductions imprimées à l’étranger.

Et aussitôt ont paru des critiques non seulement religieuses, mais laïques, que le gouvernement a tolérées et même encouragées. De sorte que la réfutation d’un livre que personne n’aurait dû connaître a été donnée dans les académies comme thème à des ouvrages théologiques.

Les critiques de mon livre, russes ou étrangères, se divisent en deux catégories : les critiques religieuses d’écrivains qui se considèrent comme croyants, et les critiques de libres penseurs.

Je commence par les premières.

J’accuse, dans mon livre, les docteurs de l’église d’enseigner une doctrine contraire aux préceptes du Christ, clairement formulés dans le Sermon sur la Montagne, et contraire surtout au commandement de la non-résistance au mal, et d’ôter par ce fait à la doctrine du Christ toute sa portée.