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Page:Tolstoï - Le salut est en vous.djvu/57

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Les articles de Farrar produisent la même impression. Il en est ainsi de tous les sermons ampoulés, les études et les livres qui se produisent aussitôt que la vérité se montre quelque part, dévoilant le mensonge régnant. Aussitôt des écrivains et des orateurs, verbeux ou habiles, élégants ou solennels, soulèvent et traitent des questions qui effleurent le sujet, mais en ayant soin de passer sous silence le sujet lui-même.

C’est là le cinquième moyen de controverse, le plus efficace pour voiler la contradiction dans laquelle le christianisme officiel s’est placé, professant la doctrine du Christ en théorie, mais la niant par la pratique.

Ceux qui cherchent à se justifier par le premier moyen, en affirmant ouvertement, brutalement que le Christ a autorisé la violence, les guerres, le meurtre, se détournent consciemment de la doctrine évangélique. Ceux qui se défendent par les deuxième, troisième et quatrième moyens s’enchevêtrent eux-mêmes dans leur contradiction, et il est facile de les convaincre de mensonge : mais les derniers, qui ne raisonnent pas, qui ne daignent pas raisonner, qui s’abritent derrière leur grandeur, qui ont l’air de croire que toutes ces questions ont été résolues depuis longtemps, par eux ou par d’autres, et ne laissent plus place au doute, ces prétendus impassibles resteront impassibles tant que les hommes seront sous l’action de la suggestion hypnotique des gouvernements et des églises. Telle a été, à l’égard de mon livre, l’attitude des théologiens, c’est-à-dire de ceux qui professent la religion chrétienne.

Ils ne pouvaient pas en avoir une autre. Ils sont liés par la contradiction dans laquelle ils se trouvent — la foi dans la divinité du Maître et la négation de ses paroles les plus claires — contradiction à laquelle ils veulent se dérober par quelque moyen que ce soit.