Page:Tolstoï - Les Révolutionnaires.djvu/203

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nous de partis. Les partis, c’est comme le sel qu’on retire de l’eau et qu’on met en tas, on dirait quelque chose de particulier ; chaque cristal semble différer de l’autre, mais laissez-les tomber dans l’eau et tout y fondra. La même chose pour la campagne : c’est une mer et tout doit y fondre, et notre bien ne sera le bien que quand la vie des champs dominera dans le monde. Les champs, l’air, le ciel, le travailleur libre de tout esclavage, voilà notre élément, et c’est là que nous devons vivre. Et nous ne le faisons pas si nous nous en éloignons, si nous nous réunissons en cités et, faisant du peuple des esclaves, si nous arrangeons pour nous une vie particulière quelconque, pleine d’inventions et de mensonges, une vie tissée comme une toile d’araignée et fragile comme elle, sale et souillée du sang de ceux qui y périssent.

Voilà pourquoi les gens sensés et francs de la campagne, malgré eux, voient en chacun de nous une petite araignée qui a sucé le sang d’une victime et s’écartent d’elle. Oui, il nous faut faire encore un grand stage. Nous