Page:Tolstoï - Les Révolutionnaires.djvu/204

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devons gagner la confiance de la campagne et désirer que le paysan voie en nous des amis.

Et nous autres, sans faire le premier pas, sans vivre à la campagne, sans y travailler, sans fusionner avec l’âme de la vie populaire, nous désirerions la diriger et lui prescrire diverses lois et voies qui nous plaisent. Et dans notre aveuglement, nous nous imaginons que c’est nous qui sommes en avant, et que la vie n’avance que grâce à nous !

C’est probablement ainsi que pensent d’elles les minoteries et les fabriques de drap placées le long du cours d’un large fleuve. Elles pensent que le courant puissant du fleuve provient du fait que les fabriques travaillent et battent les eaux de leurs roues.

Deux, trois dizaines de misérables bulles, dans lesquelles se sont réunis, comme dans un abcès, tous les sucs malsains du corps, se dispersent sous l’aspect de villes sur un immense espace du grand pays et le dirigent, s’imaginant que ce sont elles qui sont la tête ! La tête ? séparée du corps, mais qui suce le peuple ; une bande de violateurs qui, dans