Page:Tolstoï - Les Rayons de l’aube.djvu/392

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dans l’État, ceux qui concourent le plus à la tromperie organisée, reçoivent non seulement plus de garantie, mais des récompenses.

Le plus garanti de tous (une garde l’accompagne toujours) c’est l’empereur, ou le roi, ou le président, et c’est lui qui dépense la plus grosse somme d’argent pris des contribuables ; après suivant leur concours plus ou moins grand dans le crime des gouvernements viennent les chefs d’armée, les ministres, les préfets, les chefs de police, et jusqu’aux sergents de ville qui sont le moins garantis et reçoivent le moindre salaire.

Celui qui ne concourt pas du tout au crime gouvernemental, c’est-à-dire qui refuse de servir et de payer les impôts, subit la violence comme chez le brigand. Le brigand ne déprave pas consciemment les hommes ; les gouvernements, pour atteindre leur but, dépravent des générations entières d’enfants et d’adultes par les doctrines mensongères religieuse et patriotique.

Aucun des brigands, même les plus cruels, Steinka-Razine ou Cartouche, ne peut se comparer par la cruauté impitoyable et raffinée non seulement aux célèbres malfaiteurs — l’empereur Jean le Cruel, Louis XI, Elisabeth — mais même aux Gouvernements contemporains constitutionnels et libéraux avec leurs prisons