Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/141

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

séparément, mais encore qu’elle est une cruelle raillerie pour le cœur et la raison. Ainsi, pour comprendre la doctrine de Jésus, il faut, avant tout, revenir à soi, réfléchir sobrement, il faut qu’il se fasse en nous cette μετάνοια dont parle le précurseur de Jésus — Jean-Baptiste — quand il s’adressait à des hommes au jugement brouillé, comme est le nôtre. Il disait : « Avant tout, repentez-vous, c’est-à-dire revenez à vous, sans quoi vous périrez tous. » Il disait : « Déjà la cognée est mise au pied de l’arbre pour l’abattre. La mort et la perdition sont là auprès de chacun. N’oubliez pas cela, revenez à vous. » Et Jésus également commence son enseignement en disant : « Revenez à vous, repentez-vous, sans quoi vous périrez tous. »

On vient raconter à Jésus la mort des Galiléens massacrés par Pilate. Et il dit (Luc, xiii, 1-5) : « Pensez-vous que ces Galiléens fussent les plus grands pécheurs de toute la Galilée, parce qu’ils ont été ainsi traités (3) ? Non, je vous en assure ; mais je vous déclare que, si vous ne faites pénitence, vous périrez tous comme eux. Croyez-vous aussi que ces dix-huit hommes sur lesquels la tour de Siloë est tombée, et qu’elle a tués, fussent plus redoutables à la justice de Dieu que tous les habitants de Jérusalem (5) ? Non, je vous en assure ; mais je vous déclare que, si vous ne faites pénitence, vous périrez tous de la même sorte. »

S’il avait vécu, de notre temps, en Russie, il aurait dit : Croyez-vous, que les personnes qui ont péri dans le cirque de Berditchef, ou sur le talus de Koukouyef fussent plus coupables que tant d’autres ? Non, mais vous périrez tous également, si vous ne vous repentez, si vous ne vous secouez pas, si vous ne trouvez pas dans votre