Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/15

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vivement, je l’essayais ; mais alors je me souvenais involontairement de la doctrine de l’Église qui dit : L’homme est faible, il ne peut pas pratiquer cela, et aussitôt je me sentais faiblir.

On me répétait : il faut croire et prier, mais je sentais ma foi chancelante, ce qui m’empêchait de prier. On me disait : il faut prier parce que Dieu donne la foi, cette foi qui provoque la prière, qui donne la foi, qui provoque la prière et ainsi de suite, indéfiniment.

La raison et l’expérience me démontraient que ce moyen n’était pas efficace.

Il me semblait toujours que la seule chose efficace était mon effort pour observer la doctrine de Jésus.

Et voilà qu’après bien des recherches infructueuses, bien des études approfondies de tout ce qui avait été écrit pour et contre la divinité de la doctrine de Jésus, après bien des doutes et des souffrances, je restais de nouveau seul, vis-à-vis de mon cœur et du livre mystérieux.

Je ne parvenais pas à y trouver le sens qu’y trouvaient les autres, ni à découvrir celui que je cherchais ; je pouvais encore moins y renoncer. Ce fut seulement après avoir également repoussé les explications de la savante critique et celles de la savante théologie, après avoir rejeté tout cela, selon la parole de Jésus : « Si vous ne devenez comme de petits enfants, vous n’entrerez point dans le royaume des cieux, » (Matth., xviii, 3), ce fut alors que je compris tout à coup ce que je ne comprenais pas auparavant.

Je compris cela, non pas en confrontant et en expliquant les textes, ou grâce à quelque combinaison profonde et ingénieuse, bien au contraire ; je com-