Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/155

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Je vis éternellement. » Dans la Genèse (ch. iii, 22), Dieu dit : « Voici, l’homme a mangé du fruit de la connaissance du bien et du mal, et il est devenu comme nous comme l’un de nous. S’il tendait maintenant sa main (et prenait de l’arbre) de la vie et en mangeait, il vivrait éternellement. » Ces deux seuls cas de l’emploi du terme « vie éternelle » dans tout l’Ancien Testament (à l’exception encore d’un chapitre du livre apocryphe de Daniel) déterminent clairement la conception hébraïque de la vie de l’homme et de la vie éternelle. La vie en elle-même, selon les Hébreux, est éternelle, elle l’est en Dieu ; mais l’homme est toujours mortel, telle est sa nature.

Selon la doctrine judaïque, l’homme en tant qu’homme est mortel. Il n’a la vie que dans ce sens qu’elle passe d’une génération à une autre, et se perpétue dans un peuple. D’après la doctrine judaïque, la faculté de la vie est dans le peuple. Quand Dieu dit : « Vous vivrez et ne mourrez point », il adresse ces paroles au peuple. La vie que Dieu a soufflée dans l’homme pour chaque être humain séparément ; cette vie se perpétue de génération en génération, si les hommes remplissent l’alliance avec Dieu, c’est-à-dire les conditions posées par Dieu.

Après avoir formulé toutes les lois et avoir dit que ces lois ne sont pas au ciel, mais dans leurs cœurs, Moïse dit (Deutéronome, xxx, 15) : « Voici, je mets aujourd’hui devant vous la vie et le bien, la mort et le mal, je vous adjure aujourd’hui d’aimer l’Éternel, de marcher dans ses voies et d’observer ses commandements. »

« Afin que vous viviez » et verset 19 : « Je prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre.