Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/97

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dirai-je que Jésus n’a pas aperçu ce mal quand Il le défend en termes clairs, directs et détaillés.

Il a dit : « Ne jurez aucunement. »

Cette expression est aussi simple, claire et absolue que l’expression : ne jugez point et ne condamnez point ; elle est tout aussi peu sujette à commentaires ; d’autant plus qu’à la fin Il ajoute : « Mais contentez-vous de dire : cela est, ou : cela n’est pas ; car ce qui est de plus vient du mal ».

Si la doctrine de Jésus consiste à observer sans cesse la volonté Dieu, comment l’homme pourrait-il jurer d’observer la volonté d’un homme ou de plusieurs ? La volonté de Dieu peut ne pas coïncider avec la volonté humaine. Et c’est ce que Jésus dit précisément dans ce passage, verset 36 : « Vous ne jurerez pas aussi par votre tête, parce que vous ne pouvez pas en rendre un seul cheveu blanc ou noir. » Nous lisons la même chose dans l’Épître de Jacques.

À la fin de son Épître, en manière de conclusion, Jacques dit (v. 12) : « Mais avant toutes choses, mes frères, ne « jurez ni par le ciel, ni par la terre, ni par quelque autre chose que ce soit : mais contentez-vous de dire : cela est ; ou, cela n’est pas, afin que vous ne soyez point condamnés ». L’Apôtre dit clairement pourquoi il ne faut pas jurer : le serment en lui-même paraît sans importance, mais il fait qu’on est condamné, c’est pourquoi ne jurez aucunement. Comment exprimer avec plus de clarté ce que disaient Jésus et son apôtre.

On m’avait tellement brouillé les idées, que pendant longtemps je me demandai avec surprise : Se peut-il que cela veuille dire ce que cela veut dire ? Il est impossible que cela soit ainsi.