Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/99

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

chose sainte, peut-être cette même page où il est dit clairement et directement : « Ne jurez aucunement » ?

Mais cette audace ne me troublait plus. Je voyais clairement dans les versets 33 - 37 l’expression simple du 3e commandement : Ne prêtez serment jamais à personne, pour quoi que ce soit. Tout serment s’impose pour faire le mal.

Après le 3e commandement vient la quatrième référence à la loi ancienne et la formule du 4e commandement. Matthieu v, 38-42 (Luc vi, 27-38) : « Vous avez appris qu’il a été dit : Œil pour œil et dent pour dent. Et moi je vous dis de ne point résister au mal que l’on veut vous faire ; mais si quelqu’un vous a frappé sur la joue droite, présentez-lui encore l’autre. Et si quelqu’un veut plaider contre vous pour vous prendre votre robe, abandonnez-lui encore votre manteau. Et si quelqu’un veut vous contraindre de faire mille pas avec lui, faites-en encore deux mille. Donnez à celui qui vous demande, et ne rejetez point celui qui veut emprunter de vous ».

J’ai déjà parlé du sens direct et précis de ces mots ; j’ai déjà dit que nous n’avons aucune raison pour expliquer allégoriquement. Les commentaires qu’on a faits, depuis Jean Chrysostome jusqu’à nos jours, sont réellement surprenants. Ces mots plaisent beaucoup à tout le monde, et chacun fait à propos de ces paroles toute espèce de réflexions profondes, hormis une : ces mots expriment exactement le sens qu’ils ont.

Les commentateurs de l’Église, sans être gênés du tout par l’autorité de celui qu’ils reconnaissent Dieu, dénaturent hardiment le sens de ses paroles. Ils déclarent, cela va sans dire, que tous ces commandements :