Page:Tolstoï - Plaisirs cruels.djvu/36

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ne me parait pas criminel. Repos et repas vont ensemble. J’admire, comme il convient, l’ascétisme et la frugalité de certains mystiques célèbres, anachorètes ou autres ; mais je ne porterai pas de jugement sévère sur le paysan qui se réjouit de pouvoir, certain dimanche, mettre la poule au pot, petite récompense du travail écrasant qu’il a accompli. Les hommes ne sont pas des anges, et, si on leur enlève ce petit espoir qu’un joyeus diner suivra le labeur du jour, il est à craindre que le labeur du jour n’en pâtisse.


Arrivons maintenant à la seconde partie de l’argumentation de Tolstoï : « Tous, dit—il, nous mangeons trop. » Eh bien, franchement, et sans restriction aucune, il a raison.

D’abord, nous mangeons plus que notre faim. Il suffit, pour s’en convaincre, de remplacer par un mauvais dîner le bon dîner que nous faisons d’habitude. Croit-on que dans