Page:Tolstoï - Plaisirs cruels.djvu/37

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les deus cas notre consommation alimentaire sera la même ? Que l’on nous donna à manger un pain blanc, frais, succulent, aussi délicat qu’une brioche, ou bien du pain rassis, bis, à moitie noir, et on verra la différence de la quantité consommée dans l’un et l’autre cas. Peut-on nier que sur les deus ou trois plats (ou quatre, ou même cinq, ou même six) que nous avons à notre table, il y en ait plus d’un ou deus qui soient nécessaires ? Une fois que nous avons fini le second plat, voire même, si l’on veut, le troisième, nous ne mangeons plus que par gourmandise et goinfrerie.

Et, il faut bien le dire, c’est comme une conspiration universelle pour nous pousser à cet abus. Essayez de dire qu’un plat suffit à notre faim, et tout le monde s’indignera. On sera traité de fou, d’utopiste, de rêveur. Chacun se sentira blessé dans sa propre gloutonnerie, et on n’aura pas assez de railleries pour l’impudent qui cesse de