Page:Tolstoï - Plaisirs cruels.djvu/57

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

a pas de vie morale possible. Cette nécessité découle de l’essence même des choses ; il semblerait par conséquent, qu’elle dût être acceptée par tous. Mais, chose étrange ! depuis que le christianisme est devenu synonyme d’Église, la conscience de cette nécessité tend à disparaître de plus en plus et elle n’existe plus guère que chez les ascètes et les moines.

Parmi les chrétiens laïques, il est parfaitement admis qu’un homme puisse posséder des vertus supérieures sans avoir commencé par acquérir celles qui, normalement, auraient dû l’y conduire ; certains vont même plus loin et prétendent que l’existence de vices parfaitement déterminés chez un individu, ne l’empêche en aucune façon de posséder parallèlement de très hautes vertus.

Il est résulté de cela, qu’aujourd’hui, chez les laïques, la notion de la vie morale est, sinon perdue, tout au moins fort embrouillée.