Page:Tolstoï - Plaisirs vicieux.djvu/31

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Parmi les améliorations que nous rêvons pour cette pauvre humanité, pouvons-nous espérer la suppression du vin et du tabac ? Il n’y faut pas songer. Tous nos articles et toutes les sociétés de tempérance du monde n’y feront rien. Le phylloxéra lui-même y a renoncé. On n’a jamais fait tant de vin que depuis que la vigne n’en produit plus, et l’on n’a jamais tant fumé que depuis que les cigares ordinaires sont infumables et que les bons cigares sont hors de prix.

Je laisse de côté l’intérêt qu’a l’État, économiquement parlant, à ce que certains de nos vices se maintiennent et même s’accroissent. Nous savons ce que l’alcool et le tabac apportent chaque année au budget. Je ne vois pas l’État se sacrifiant pour la morale et la santé publiques. Qu’importe que l’individu meure pourvu que la société vive ?

Mais le mal a une cause plus profonde que la bêtise des contribuables et l’ingéniosité