Page:Tolstoï - Plaisirs vicieux.djvu/32

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des économistes. La vérité est que l’homme commence à se lasser, à se désintéresser, à se décourager de la vie. Il voit que c’est, et il croit que ce sera toujours, indéfiniment et inutilement la même chose. Les centaines de siècles qu’il a vécus ne lui ont pas appris d’où il vient ; à travers les milliers de siècles qu’il a à vivre, il n’entrevoit pas où il va ; comme la terre qu’il habite, il tourne toujours dans le même cercle, sans avancer. Il va en chemin de fer au lieu d’aller dans un chariot traîné par des bœufs ; il peut envoyer en quelques minutes la cote de la Bourse aux confins du globe ; il peut tuer son prochain à douze ou quinze kilomètres de distance. Et puis après ? Où en est-il de sa personnalité, c’est-à-dire de ce qui l’intéresse le plus ? Il est toujours dans la même ignorance, dans la même inquiétude.

Des hommes austères, des sages, ont