Page:Tolstoï - Polikouchka.djvu/181

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Dans la seconde charrette, que personne ne conduisait, avaient pris place, heureuses, portant haut la tête, un fichu noué dans les cheveux, la femme et la mère d’Ilia. La jeune baba dissimulait sous ses vêtements une bouteille de vodka. Iliouchka, le visage rouge, tournant le dos au cheval, s’était assis sur le devant, et mangeait du kalatch sans cesser de parler.

Et le bruit des voix, le roulement des charrettes sur le pavé, le souffle des chevaux, tout se fondait en une unique et joyeuse rumeur, les chevaux fouettaient l’air de leurs queues et, sentant qu’on prenait le chemin du logis, accéléraient leur course. Les passants à pied, à cheval et en voiture, se retournaient involontairement pour regarder cette heureuse famille.

Juste au sortir de la ville, les Doutlov rencontrèrent le convoi des recrues, qui s’étaient