Page:Tolstoï - Polikouchka.djvu/183

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Il semblait que toutes les puissances de son âme tendissent uniquement à poser, le plus rapidement possible, un pied après ; l’autre, tantôt sur le talon, tantôt sur la pointe.

Parfois il s’arrêtait brusquement, et clignait de l’œil au joueur de balalaïka, qui, à ce signal, pinçait plus vivement toutes les cordes à la fois, frappant même le bois du revers de sa main. Le conscrit demeurait un moment immobile, tout en ayant l’air de danser encore : puis il recommençait à se mouvoir lentement, en balançant ses épaules, et soudain il s’enlevait du sol, retombait sur ses jarrets pliés et, sans changer de posture, dansait avec une clameur sauvage[1].

Les gamins poussaient des cris de joie, les femmes hochaient la tête, les hommes sou-

  1. C’est la danse populaire, la Cosaque.