Page:Tolstoï - Polikouchka.djvu/77

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détala vers son logis ; et cela fit crier dix fois plus les héritiers de Polikey.

Le temps était mauvais. La bise coupait le visage de Polikey. Une espèce de neige ou de grêle se mit à lui fouetter la figure, les mains nues qu’il cachait, avec les guides glacées, dans les manches du touloupe, et à crépiter aussi sur la vieille tête de Baraban, qui rabattait ses oreilles et clignotait des yeux.

Bientôt une éclaircie se fit. On voyait distinctement les nuages bleuâtres chargés de neige, et le soleil essaya de briller, mais timidement, tristement, comme le sourire de Polikey.

Celui-ci néanmoins était plongé dans d’agréables rêveries. Lui, qu’on parlait de déporter, qu’on menaçait du recrutement, lui que les paresseux s’abstenaient seuls de battre, lui qu’on chargeait toujours des pires corvées,