Page:Tolstoï - Qu’est-ce que la religion.djvu/35

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croyait pas en quelque chose d’irraisonnable en désaccord avec son savoir, mais au contraire, cette croyance lui expliquait beaucoup de phénomènes de la vie inexpliqués sans cela.

De même l’Indou qui croit que nos âmes étaient dans des animaux et que selon notre vie bonne ou mauvaise, elles passeront dans les animaux supérieurs ou inférieurs, s’explique par cette foi beaucoup de phénomènes incompréhensibles sans elle. Il en va de même avec un homme qui croit que la vie est un mal et que le but de la vie est le repos atteint par la destruction des désirs. Il croit non en quelque chose d’irraisonnable, mais au contraire en ce qui fait sa conception du monde plus raisonnable qu’elle ne le serait sans cela. Il en va de même avec un vrai chrétien, qui croit que Dieu est le père spirituel de tous les hommes et que le bien suprême de l’homme est atteint quand il reconnaît sa filiation avec Dieu et la fraternité de tous les hommes entre eux. Toutes ces croyances, si elles ne peuvent être prouvées, ne sont pas déraisonnables en soi, mais au contraire donnent le sens le plus raisonnable aux phénomènes de la vie qui paraissent irraisonnables et contradictoires sans ces croyances. En outre, toutes ces croyances, en définissant la situation de l’homme, exigent inévitablement certains actes correspondant à cette situation.