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Page:Tolstoï - Quelle est ma vie ?.djvu/13

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moujik est-il venu ? — Non, il n’est pas venu », me répondirent-ils.

C’est ainsi que je fus trompé par plusieurs moujiks. Quelques-uns me disaient qu’ils avaient seulement besoin d’argent pour retourner chez eux, et, une semaine après, je les rencontrais de nouveau dans les rues. Beaucoup me reconnaissaient et je les reconnaissais. Quelquefois, m’ayant oublié, ils répétaient le même mensonge, ou, m’ayant reconnu dans la rue, ils s’enfuyaient.

C’est ainsi que je me convainquis qu’il y avait, même dans cette catégorie, beaucoup de gens de mauvaise foi ; mais ces menteurs m’inspiraient la plus grande pitié ; tous étaient à moitié nus, misérables, maigres et maladifs ; ce sont les mêmes, qu’on trouve gelés de froid ou pendus, comme nous le savons par les gazettes.