Page:Tolstoï - Religion et morale.djvu/24

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siste en ce que l’homme ne considère plus que le sens de sa vie soit de parvenir à la réalisation de ses propres fins ou des fins auxquelles tend tel groupe de personnes, mais estime que ce sens est tout entier contenu dans l’obéissance à la volonté qui l’a créé, lui et le monde entier, non pas pour qu’il atteigne à ses fins propres, mais bien à celles de cette volonté créatrice.

C’est de cette conception du rapport de l’homme avec l’univers que provient la doctrine religieuse la plus élevée à nous connue : déjà en embryon chez les représentants les plus éminents des Pythagoriciens, des Esséniens, des Thérapeutes, des Égyptiens, des Perses, des Brahmes, des Bouddhistes et des Taoïstes, elle n’a trouvé cependant sa dernière et complète expression que dans le Christianisme pris dans son sens véritable, sans altération. Toutes les cérémonies des religions anciennes issues de cette conception de la vie, toutes les manifestations contemporaines de tant de communautés religieuses, unitariens, universalistes, quakers, Nazaréens en Serbie, lutteurs de l’esprit (doukhobortsy) en Russie, toutes les sectes soi-disant rationalistes, avec leurs sermons, leurs chants, leurs assemblées et leurs livres, sont des expressions religieuses de cette conception du rapport de l’homme et de l’univers.