Page:Tolstoï - Religion et morale.djvu/29

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La science n’a jamais été et elle ne sera jamais l’étude de tout comme les savants, à l’heure actuelle, ont la naïveté de le penser ; cela est même une impossibilité, puisque les choses susceptibles d’investigation sont en quantité infinie. Elle est seulement l’étude, dans la masse innombrable des objets et des phénomènes susceptibles d’investigation, de quelques-uns d’entre eux et de leurs conditions, de ceux que la religion fait sortir de cette masse par degré d’importance, en un ordre régulier. Et, par conséquent, la science n’est pas une et il y en a autant que de religions. Chaque religion fait choix d’un certain ensemble d’objets susceptibles d’étude ; voilà ce qui fait que la science d’une époque ou d’un peuple déterminé porte toujours le caractère de la religion au point de vue de laquelle elle se place pour faire son examen.

Ainsi, la science païenne, qui fut remise en honneur à la Renaissance et qui fleurit encore de nos jours au milieu de nous sous le nom de science chrétienne, a toujours été seulement, ce qu’elle continue d’être, la recherche et l’étude soit des conditions dans lesquelles l’homme trouve le maximum de bien, soit des phénomènes naturels qui peuvent le lui obtenir. La philosophie brahmanique et bouddhique n’a jamais été que la recherche des conditions dans lesquelles l’homme peut être délivré des souffrances qui l’acca-