Page:Tolstoï - Religion et morale.djvu/30

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blent ; la science juive talmudique n’a jamais été que l’étude et l’explication des clauses que l’homme devait respecter pour exécuter le pacte conclu avec Dieu et maintenir le Peuple Élu à la hauteur de sa vocation. La science ecclésiastique chrétienne était et est encore la recherche des conditions dans lesquelles l’homme trouve le salut. La vraie science chrétienne, qui ne fait que de naître, est la recherche des conditions dans lesquelles l’homme peut connaître les exigences de cette volonté suprême, dont il est l’envoyé, et y conformer sa vie.

Ni la philosophie, ni la science, ne peuvent poser la base des rapports de l’homme et de l’univers, parce que cette base a été posée avant qu’aucune espèce de science ou de philosophie ait pu naître et aussi parce que la science — philosophie comprise — étudie les phénomènes en raison pure, sans avoir égard à la position personnelle de l’investigateur et aux sentiments qu’il éprouve. Or, ce n’est pas la raison seule qui détermine dans quel rapport l’homme se trouve avec l’Univers, mais bien aussi le sentiment, la réunion de toutes les forces spirituelles de l’homme.

On aura beau expliquer à l’homme dans le détail et chercher à lui donner la persuasion qu’il n’existe en réalité que des idées, ou que tout est constitué d’atomes, ou que l’essence de la vie est substance et volonté, ou encore que chaleur, lumière, mouvement,