Page:Tolstoï - Religion et morale.djvu/39

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de l’antiquité gréco-romaine en vertu desquelles l’individu se sacrifiait toujours à la société ; soit la morale chinoise ; soit la morale juive qui enseigne que le bien du Peuple Élu prime le bien individuel ; soit enfin la morale officielle de l’État, appuyée par l’Église, qui exige le sacrifice de l’individu au bien de l’État. C’est d’elle que découle encore la morale de la majorité des femmes qui sacrifient leur personne pour le bien de leur famille, surtout de leurs enfants.

L’histoire ancienne tout entière, en partie aussi celle du moyen-âge et celle des temps modernes est pleine de hauts faits accomplis au nom de cette morale à la fois familiale et sociale, de cette morale d’État. Et à l’heure actuelle, la majorité de ceux qui croient pratiquer la morale chrétienne, parce qu’ils professent le christianisme, se conforment en fait à cette morale païenne qu’on présente comme un idéal à la jeune génération.

De la troisième conception, — la conception chrétienne, qui consiste en ce que l’homme reconnaît être un instrument au service d’une volonté suprême dont il doit réaliser les plans — découlent les morales qui, correspondant à cette conception de la vie, expliquent la dépendance où est l’homme vis-à-vis de cette volonté suprême et en déterminent les exigences. C’est la source des morales les plus élevées que l’homme connaisse : les morales pythagoricienne,