Page:Tolstoï - Religion et morale.djvu/40

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stoïcienne, bouddhique, brahmanique, taoïque, sous leurs formes les plus hautes, et la morale chrétienne au sens véritable du mot, celle qui demande le renoncement à toute volonté propre et à tout bien, non seulement au bien personnel mais encore à celui de la famille, de la société, de l’État et cela au nom de l’accomplissement de la volonté de Celui qui nous a fait vivre, de cette volonté dont nous avons pris conscience lorsqu’elle s’est dévoilée à nous.

C’est d’une de ces trois conceptions que découle la véritable moralité de chaque homme, sa moralité telle qu’elle est réellement, sans égard aux déclarations théoriques et aux professions qu’il peut faire et à l’opinion qu’il veut donner de soi-même.

Ainsi un homme qui s’en tient à la première conception aura beau dire qu’il considère comme moral de vivre pour la famille, la société ou l’État, pour l’humanité ou pour accomplir la volonté de Dieu, il pourra dissimuler assez habilement pour tromper son monde, mais le vrai mobile de son activité restera toujours le bien de sa propre personne ; en sorte que lorsqu’il y aura nécessité de faire un choix, ce n’est pas sa personne qu’il sacrifiera à la famille, à l’État, à l’accomplissement de la volonté divine, mais c’est tout cela qu’il sacrifiera à lui-même, parce que, trouvant le sens de la vie uniquement dans le bien personnel, il ne peut agir autrement, tant qu’il n’aura